Génération Sénégal

L’initiative Save Dakar, d’abord campagne numérique aujourd’hui devenue association, s’est bien implantée au Sénégal. Mandione Laye Kébé, photographe-artiste de 34 ans l’a lancée en juin 2017. Passionné par les arts visuels, il vit à Malika, à quelques kilomètres de Dakar. C’est en se baladant sur la place de l’indépendance au cœur de Dakar, qu’il a l’idée d’interpeller les pouvoirs publics et ses concitoyens sur l’état de ce joyau. 

Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. D’abord montrer, ensuite réagir”, explique-t-il. Joignant le geste à la parole, il publie un tweet avec une photographie de la place de l’Indépendance réalisée par ses soins. Celle-ci ne tarde pas à être reprise par des centaines de Dakarois.  “Tout le monde est présent sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook. Toutes les classes sociales y sont représentées : ma mère qui ne sait pas lire s’y débrouille très bien” avance Mandione. Passer par le canal numérique s’est donc naturellement imposé à lui car “les radios et les télévisions sont de moins en moins regardées à Dakar”, affirme-t-il. 

Après réflexion, Mandione choisit le hashtag #SaveDakar pour accompagner ses tweets avec une volonté affirmée de ne pas “sénégaliser le hashtag”, non seulement pour lui donner une dimension internationale mais aussi pour éviter que celui-ci soit affilié à un politicien local quelconque. Les médias internationaux tels que RFI et France 24, séduits par la démarche innovante, couvrent sa campagne, qui est également amplifiée par des influenceurs du numérique au Sénégal. Mandione obtient même une réponse de la Présidence du Sénégal et de la Ville de Dakar, alors que le nombre d’abonnés au compte citoyen continue à grossir.

Les réseaux sociaux comme canal de recrutement

L’exposition souhaitée réussie, Mandione décide de passer à la seconde étape et d’utiliser la notoriété du compte de façon positive. Il parvient à mobiliser des dons émanant d’organisations locales, d’ambassades comme celles de la France, de la Grande-Bretagne et du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable. “Courant 2018, avec des volontaires qui avaient entendu parler de nous, nous avons organisé des journées de nettoyage dans plusieurs plages : Mermoz, Yoff, et la corniche Est”. L’équipe de Mandione offre les repas, en échange de l’aide des bénévoles et la formule fonctionne. 

 

Aujourd’hui, plus qu’un hashtag, Save Dakar s’est professionnalisé : “nous sommes passés du numérique à la création d’une association de cinq membres permanents. Ce succès n’aurait pas été possible sans Twitter et Facebook. Avec les médias traditionnels, l’impact aurait été moindre”. Pour preuve, des ressortissants de pays voisins comme la Guinée ou encore le Tchad se sont inspirés de Save Dakar pour reproduire la campagne dans leurs capitales.

Aller plus loin

L’emploi du temps de Mandione est désormais partagé entre sa passion, la photographie, et l’association Save Dakar. Actuellement en Italie pour un projet d’art visuel, il ne compte pas en rester là et aimerait produire un changement d’habitudes chez ses compatriotes “nettoyer c’est bien mais ne pas salir, c’est encore mieux”, estime le jeune homme.

 

Sa tête est pleine de projets : “j’aimerais lancer une caravane citoyenne qui irait dans toutes les régions du Sénégal dans le but de créer des antennes de Save Dakar. Je veux m’associer avec les natifs de ces localités qui les connaissent bien, afin de faire la différence sur le long terme”, termine-t-il avec conviction.